Ecole Lieu IV: Habiter les frontières  

Les frontières sont partout : de la membrane qui sépare une cellule vivante de son environnement inanimé aux limites lointaines de notre galaxie. Les frontières définissent ce qui est à l’intérieur et ce qui est, et doit rester, à l’extérieur. Les frontières peuvent être géologiques (une crête de montagne), hydrologiques (une rivière), écologiques (entre une forêt et une prairie), politiques (entre pays), architecturales (la porte qui sépare deux pièces), culturelles (entre deux groupes religieux vivant dans la même ville), sociales (la bonne distance à respecter dans une conversation) et ainsi de suite… La plupart du temps, nous sommes censés respecter ces frontières, ou nous sommes encouragés à les franchir et à aller au-delà. Certaines frontières ne peuvent être franchies que par certaines personnes. Dans ce cycle d’école-lieu, nous aimerions plutôt nous demander comment habiter nos frontières. Ou prêter attention à ce.lle.ux qui les habitent. Les frontières (comme les écotones) peuvent regorger de formes de vie parfois inattendues (pensez à la zone de non-droit entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest, ou entre la Corée du Nord et la Corée du Sud). Nous reconnaissons qu’habiter nos frontières peut parfois être inconfortable, voire troublant, mais c’est là que vit la danse.

Ecole-lieu est née de la volonté de notre collectif de passer plus de temps en studio pour étudier ensemble, et d’ouvrir/co-créer le processus avec des danseur.euse.s et improvisat.rice.eurs (professionnels ou amateurs) des territoires qui nous entourent. La première orientation du programme est la pratique. Le programme d’étude combine nos différentes pratiques et intérêts (improvisation, somatiques, chorégraphie, performance) car nous avons appris qu’elles s’informent et s’enrichissent mutuellement.
La deuxième orientation du programme est de développer ensemble un langage pour décrire et partager nos expériences et pour enrichir la pratique physique avec des idées venant d’autres disciplines (philosophie, anthropologie, permaculture, écologie, théorie politique…). Pour cela, nous partagerons un texte, une image ou une vidéo avant chaque session pour nous inspirer, et nous inclurons deux moments d’échanges verbaux chaque jour (fin de matinée et fin d’après-midi). Une troisième orientation de l’école-lieu est de s’offrir un groupe de pairs pour soutenir nos projets ou pratiques individuelles de création/recherche.

La structure est légèrement fluctuante comme les autres sessions, c’est-à-dire que le programme change selon le duo/trio qui intervient.

Intervnants.es:
Mars:
7- Asaf, Violaine
14 – Violaine, Pol, Nati
21 – Pol, Shosha, Aurélie
28 – Nati, Fil
Avril:
4 – Christine, Aurélie, Fil

Le déjeuner sera partagé en mode auberge espagnole.

\ Habiter les frontière II/
Il y a toujours un lieu où on est face à l’insurmontable, on ne peut pas aller au-delà. Et si on tente, qu’arrive-t-il ? La mort ? La prison ? L’endommagement permanent des relations et des corps ?
Des lignes, des comportements, des zones de transition, fines, étalées par milliers. Des marges à repousser, à respecter, à maintenir, à arrondir, à défier:
créer des brèches, permettre le passage. S’arroger la permission.
Des décisions de ne pas se mêler ou de se protéger. Concrètes, abstraites. Accord du visible, désaccord de l’invisible, limites, confusion, ambiguïté, barrières ou passages. Volonté, choix, imposition, oppression ou invitation.
Confort.
Respect, désobéissance, violence, justice, justesse, consentement.
Expansion, casse.
Carrefour.
chevauchement ou empêchement du chevauchement des identités. Peur ou amour pour l’autre ?

J’ai un sentiment de liberté si je dépasse certaines limites.
C’est la créativité ou la richesse de l’expérience cela ?
C’est quand qu’on peut passer ?
Pousser les limites ?
Prudence.
Médiation de l’impossible

Le contact ou juste avant. La friction. La distance ;

Ne pas savoir ce qu’il y a de l’autre côté.

frontière
partielle,
frontière
totale.
Frontière personnelle ou collective.

A l’école on ne m’a jamais parlé explicitement de comment habiter mes bordures.
On tente et on s’attend sur le seuil.