Hosting the stranger within/
Accueillir l’étranger qui est en nous

28 Aout-3 Septembre
*English below*

Nous ne savons pas ce qu’est l’hospitalité.
Pas encore.
Pas encore, mais le saurons-nous un jour ?
C’est ce que fait l’hospitalité, brouiller la frontière.
Jacques Derrida
L’hospitalité et l’hostilité ont une racine commune (*ghos-ti- / hospitem : étranger). Les deux impliquent en effet notre attitude envers l' »autre », et tout au long de l’histoire, les gestes ou les moments d’hospitalité peuvent souvent se transformer ou impliquer une hostilité envers cet autre (par exemple, comment les pays industrialisés en Europe « accueillent » les immigrants et les réfugiés de la guerre et de la dévastation écologique en Afrique et au Moyen-Orient).
Dans cet atelier, nous allons explorer les étrangers qui sont en nous, l’étrange danse de l’hospitalité.
Jacque Derrida écrit :
« Pour qu’il y ait pure hospitalité, il faut qu’il y ait une surprise absolue… Je dois être non préparé, ou préparé à être non préparé, à l’arrivée inattendue de tout autre. Est-ce possible ? Je n’en sais rien. Mais si l’hospitalité pure existe, elle doit consister en cette ouverture sans horizon, sans horizon d’attente, une ouverture au nouveau venu quel qu’il soit. « 
Notre intuition est qu’improviser, c’est être à la fois son hôte et son invité (en Francais Hôte désigne les deux!), ouvert à l’inattendu, prêt à l’impréparation.
L’autre, l’étranger, l’extra-terrestre, est déjà en nous, il fait partie de nous, il fait et défait ce que nous sommes, il façonne notre devenir, comme l’a écrit Steve Paxton : « la danse en solo n’existe pas » : Improviser avec un autre est alors déjà (au moins) un quatuor.
L’accueil, la bienvenue ne consiste pas à faire mais à permettre. Permettre est un état où je suis présent en écoutant ce qui est là, l’inconnu qui fait partie intégrante de la réalité en cours. Au niveau physique, cela se rapporte à l’équilibre délicat entre le relâchement ou la souplesse et la structure. Le relâchement qui ne consiste pas à s’effondrer ou à disparaître, mais une forme de présence qui permet aux choses d’arriver et qui ne bloque pas, par un état d’action où j’agis  » sur  » la réalité et suis incapable d’entendre ce qui est déjà là.
Cet atelier est un duo étrange : entre le contact improvisation et le Wudang quan, arts martiaux internes chinois, entre Kerem Shemi et Asaf Bachrach, entre danser et être dansé, entre douceur et structure, hospitalité et hostilité…..
Chaque journée sera composée de deux parties :
Matin : formation : un mélange de pratique de Contact Improvisation, de Wudang quan, de danse contemporaine et de somatique (notamment Rolfing et Feldenkrais) en studio, en forêt et dans l’eau.
Après-midi : guesthouse : un échauffement d’une heure suivi d’une partition d’improvisation immersive de 2 heures.
Arrivée à Thiviers (gare plus proche de Larret) le 27/8 vers 19h*.
Départ 3/9 après le déjeuner*.
*(une navette sera mise a disposition, compris dans le prix du stage: l’horaire exacte sera a verifier avec les besoins du groupe)
Prix:
350€ frais pédagogique
Hébergement: 5€/ nuit,
Repas: 20€ matin, midi et soir compris.
(cuisine végétarienne à partir des produits locaux).
*Chaque participant.e sera invité.e d’aider avec la gestion de la vie en commun (nettoyage etc.), à compter une tache de 15 à 45 min par jour.
À propos de Kerem :
Kerem Shemi est une danseuse, chorégraphe, artiste martiale et enseignante israélienne. Sa pratique quotidienne consiste en une combinaison unique de danse et d’arts martiaux, qui se manifeste dans ses chorégraphies et son enseignement. Elle est titulaire d’une licence en danse et chorégraphie de l’Académie de musique et de danse de Jérusalem. Après sa formation en danse, elle a poursuivi sa recherche sur le mouvement en Chine et à Berlin, vivant, s’entraînant et enseignant à plein temps pendant cinq ans à l’école WDP pour les arts martiaux internes chinois de Wudang. Elle est actuellement membre du corps enseignant de l’Académie de musique et de danse de Jérusalem et enseigne, dans le cadre de divers programmes de danse, le sabre chinois et la « danse kungfu », un langage du mouvement qu’elle développe depuis plusieurs années. Elle se produit avec ses œuvres chorégraphiques et collabore en tant que danseuse avec d’autres artistes indépendants comme Ofir Yudilevitch, Nir Vidan, Ofri Cnaani, Maayan Danoch, Anat Shamgar, Avigail Sfez, Tamir Friedrich pour n’en citer que quelques-uns.
À propos d’Asaf :
Asaf Bachrach pratique le contact improvisation (CI) ainsi que d’autres types de techniques d’improvisation (Butoh, tuning score…) depuis 1994. Il a étudié à Tel Aviv, New York, Paris et Boston. Parmi ses professeurs les plus influents figurent Steve Paxton, Kirsty Simson, Lisa Nelson et Min Tanaka. Depuis 2000, il a enseigné en Europe, aux États-Unis, à Buenos Aires et en Israël. En 2012, il a organisé une conférence internationale à Paris autour de l’IC et de la  » pleine conscience « . Depuis 2016, il est praticien certifié en Rolfing®, élève d’Hubert Godard. Asaf co-dirige avec Matthieu Gaudeau, depuis 2013 du bodylab et de l’école somatique nomade F.A.R, un groupe de recherche expérientielle trans-somatique (Feldenkrais, Alexander, Rolfing et CI). Asaf est un neuroscientifique cognitif praticien (PhD 2008, MIT) au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). Ses recherches portent sur le langage (syntaxe, compréhension du langage…) et la danse (performance, spectateurs, improvisation conjointe, nouvelles technologies). Il a organisé un certain nombre d’événements interdisciplinaires autour de la danse, de l’improvisation et de la cognition, réunissant des scientifiques, des praticiens du mouvement, des anthropologues et des philosophes. Il est membre du nouveau programme d’études supérieures ArTec de l’université Paris 8 où il participe à l’élaboration du programme de recherche-création.
**English version**
We do not know what hospitality is.
Not yet.
Not yet, but will we ever know?
that is what hospitality does, blur the border
Jacques Derrida
Hospitality and hostility share a common root (*ghos-ti- / hospitem: stranger). Both indeed involve our attitude to the ‘other’, and all along history gestures or moments of hospitality can often turn or involve hostility toward this other ( for exemple how industrialized countries in Europe ‘host’ immigrants and refugees from war and ecological devastation in Africa and the middle east).
In this workshop we will explore the strangers inside us, the strange dance of hospitality.
Jacque Derrida writes:
“For pure hospitality to occur, there must be an absolute surprise.. I must be unprepared, or prepared to be unprepared, for the unexpected arrival of any other. Is this possible? I don’t know. If, however, there is pure hospitality, it should consist in this opening without horizon, without horizon of expectation, an opening to the newcomer whoever that may be. ”
Our intuition is that improvising is being at the same time one own’s host and guest (in French it is the same word, Hôte!), open to the unexpected, prepared to be unprepared.
The other, the stranger, the alien, is already in us, part of us, the part that makes and unmakes who we are, shaping our becoming, ss Steve Paxton once wrote “solo dancing does not exist” : Improvising with an-other is then already (at least) a quartet.
Accueil, welcoming is not about doing but allowing. Allowing is a state where I am present through listening to what is there, to the unknown that is an integral part of the ongoing reality. At the physical level it connects to the fine balance between slackness or softness and structure. Slackness which is not about collapsing or disappearing, but a form of presence that allows for things to happen and that does not block, through a state of doing where I act ‘upon’ reality and am unable to hear what is already there
This workshop is a strange duet: between contact improvisation and Wudang quan, chinese internal martial arts, between Kerem Shemi and Asaf Bachrach, between dancing and being danced, between softness and structure, hospitality and hostility….
Each day will be composed of two parts:
Morning: training: a mix of Contact Improvisation practice, Wudang quan, contemporary dance and somatics (in particular Rolfing and Feldenkrais) in the studio, in the forest and in water.
Afternoon: guesthouse: a one hour warmup followed by a 2 hours immersive improvisation score.
Arrival in Thiviers (train station closest to Larret) on 27/8 around 7pm*.
Departure 3/9 after lunch*.
*(a shuttle will be provided, included in the price of the course: the exact time will be checked with the needs of the group)
Price:
350€ pedagogical fees
Accommodation: 5€/ night,
Meals: 20€ morning, noon and evening included.
(vegetarian cooking from local products).
*Each participant will be asked to help with the management of the common life (cleaning etc.), counting on a task of 15 to 45 minutes per day.
About Kerem:
Kerem Shemi is an Israeli dancer, choreographer, martial artist and teacher. Her daily practice consists of a unique combination of dance and martial arts, which is manifested in her choreography and teaching. She holds a BA in dance and choreography from the Jerusalem Academy of Music and Dance. After her dance education she continued her movement research in China and Berlin, living, training and teaching full time for five years at the WDP school for internal Chinese martial arts of Wudang. At present she is a faculty member at the Jerusalem Academy of Music and Dance and teaches in various dance programs Chinese sword and ‘Kungfu Dance’ – a movement language she is developing for several years. She performs with her choreographic works and collaborates as a dancer with other independent artists as Ofir Yudilevitch, Nir Vidan, Ofri Cnaani, Maayan Danoch, Anat Shamgar, Avigail Sfez, Tamir Friedrich to name a few.
About Asaf:
Asaf Bachrach has been practicing contact improvisation (CI) as well as other types of improvisation techniques (Butoh, tuning score…) since 1994. He Studied in Tel Aviv, New York, Paris and Boston. Among his most influential professors are Steve Paxton, Kirsty Simson, Lisa Nelson and Min Tanaka. Since 2000, he has taught in Europe, in the USA, in Buenos Aires and in Israel. In 2012, he organized an international conference in Paris around CI and ‘mindfulness’. Since 2016 he is a certified Rolfing® practitioner, a student of Hubert Godard. Asaf has been co-leading with Matthieu Gaudeau, since 2013 of the bodylab and the F.A.R nomadic somatics school, a trans-somatic (Feldenkrais, Alexander, Rolfing and CI) experiential research group. Asaf is a practicing cognitive neuroscientist (PhD 2008, MIT) at the CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). His research topics include language (syntax, language comprehension…) and dance (performance, spectating, joint improvisation, new technologies). He has organized a number of in-disciplinary events around dance, improvisation and cognition bringing together scientists, movement practitioners, anthropologists and philosophers. He is a member for the new ArTec graduate program in the university Paris 8 where he is taking part in shaping the recherche-creation program.
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Un peu plus sur la thème:
Dès que l’on s’adresse à l’autre, dès que l’on est ouvert à l’avenir, dès que l’on fait l’expérience temporelle de l’attente de l’avenir, de l’attente de quelqu’un à venir ; c’est l’ouverture de l’expérience. Quelqu’un doit venir, doit venir maintenant. (JD)
L’improvisation comme l’hospitalité inconditionnelle, peut être effrayant car il « implique que l’on ne demande pas à l’autre, au nouveau venu, à l’invité de donner quelque chose en retour, ni même de s’identifier. Même si l’autre vous prive de votre maîtrise ou de votre maison, vous devez l’accepter. C’est terrible de l’accepter, mais c’est la condition de l’hospitalité inconditionnelle : que vous renonciez à la maîtrise de votre espace, de votre maison, de votre nation. « (JD)
Improviser ; accueillir, ou être accueilli, est également effrayant car il s’agit de changement :
« La condition préalable à l’hospitalité peut exiger que l’hôte et l’invité acceptent, de différentes manières, la possibilité inconfortable et parfois douloureuse d’être changé par l’autre. (M Rosello Postcolonial Hospitality : the Immigrant as Guest (Stanford, Stanford University Press 2001) p 170)
As soon as you address the other, as soon as you are open to the future, as soon as you have a temporal experience of waiting for the future, of waiting for someone to come; that is the opening of experience. Someone is to come, is now to come. (JD)
Improvising as unconditional hospitality, can be frightening as it « implies that you don’t ask the other, the newcomer, the guest to give anything back, or even to identify himself or herself. Even if the other deprives you of your mastery or your home, you have to accept this. It is terrible to accept this, but that is the condition of unconditional hospitality: that you give up the mastery of your space, your home, your nation. « (JD)
Improvising; hosting, or being hosted, is also frightening as it is about change:
“The very precondition of hospitality may require that, in some ways, both the host and the guest accept, in different ways, the uncomfortable and sometimes painful possibility of being changed by the other. (M Rosello Postcolonial Hospitality: the Immigrant as Guest (Stanford, Stanford University Press 2001) p 170)